Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/335

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travail. La honte d’être reconnu pauvre s’augmenta à ce point qu’il fallait être descendu aux derniers degrés de la misère pour solliciter son inscription sur le registre. La paresse, qui s’accommodait si bien de l’aumône, recula devant cette position nouvelle, car, si, dans cet ordre de choses, on trouvait les ressources de la vie, on y perdait la liberté. Le travail et l’exil du pays natal y devenaient obligatoires, au gré de l’administration ; les familles, si souvent insouciantes des misères de leurs membres, redoutaient cet ilotisme dont l’opprobre eût rejailli sur elles, et s’empressaient de venir à leur secours. Bientôt, les choses en vinrent à ce point que la mendicité fut presque entièrement éteinte sur la surface de l’empire, et que le nombre des pauvres, qui, dans le premier recensement fait par le gouvernement, s’élevait à neuf millions cinq cent mille, était, au bout de deux années, diminué de plus de moitié.

L’empereur déclara ce décret souverain et réglementaire, ce qui étendait son application à tous les états de l’Europe. Il usait peu de ces décrets généraux ; mais il n’hésita pas dans cette occasion, parce qu’il voulait détruire la mendicité, ou du moins amoindrir le nombre des pauvres dans l’Europe entière.