Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/67

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mille des Bourbons ; là aussi vivait un roi de France, sacré dans le sang, couronné par le malheur, et dont la vaine royauté n’avait plus qu’un nom et quelques hommages stériles de fidèles serviteurs.

À l’approche de l’armée française, les amis du monarque exilé l’avaient invité à fuir ; ils lui représentaient les dangers qu’il y avait à courir s’il tombait dans la puissance de celui qu’on appelait dans ce lieu l’usurpateur. On parlait de la possibilité d’un grand crime. Il y avait, disait-on, une légitimité à acquérir par quelques meurtres, et la tête sacrée du roi eût été la première à être frappée.

Louis XVIII se détourna, à ces conseils, vers le vieux prince de Condé, qui seul était en ce moment à Hartwell : « Et vous, mon cousin ? » lui demanda-t-il.

M. le prince de Condé répondit que pour lui il ne voyait que de la grandeur à demeurer en face de l’empereur et à l’attendre.

Louis XVIII serra avec attendrissement la main du vieux général. « C’était ma pensée, mon cousin, lui dit-il ; nous verrons s’il n’y a rien dans un roi de France qui puisse arrêter le glaive d’un meurtrier. »

Il se trompait dans sa douleur injuste ; il mé-