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Page:George Eliot Adam Bede Tome 1 1861.djvu/236

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adam bede.

LIVRE DEUXIÈME


CHAPITRE XVII

où l’histoire s’arrête un peu

Le Recteur de Broxton n’est guère meilleur qu’un païen ! entends-je dire à une de mes lectrices. Comme il eût été plus édifiant de lui faire donner à Arthur quelque bon conseil spirituel ! Vous auriez pu placer dans sa bouche de belles choses, cela aurait valu la lecture d’un sermon.

— Certainement je l’aurais pu, ma belle lectrice, si j’étais un habile romancier, point obligé de s’attacher servilement à la nature et aux faits, mais capable de représenter les choses comme elles n’ont jamais été et ne seront jamais. Alors mes personnages seraient entièrement de mon propre choix, et j’aurais pu prendre le type le plus habituel du ministre, mettre en toute occasion dans sa bouche mes admirables opinions personnelles. Mais vous avez dû vous apercevoir depuis longtemps que je n’ai point une vocation aussi élevée, et que je n’aspire qu’à représenter fidèlement les hommes et les choses qui se sont reflétés dans mon esprit. Le miroir est doublement défectueux ; les contours y seront quelquefois faussés ; l’image faible ou confuse ; mais je me crois tenu de vous montrer aussi précisément que je le puis quel est ce reflet, comme si j’étais sur le banc des témoins, faisant ma déposition sous serment.