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Page:George Eliot Adam Bede Tome 1 1861.djvu/252

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adam bede.

sent, et la lune se tient là couchée comme un bateau, voyez-vous ? C’est un signe certain de beau temps ; — il y en a beaucoup de faux ; mais celui-ci est sûr.

— Oui, oui, dit le fils ; j’espère bien qu’il se maintiendra à présent.

— Écoutez bien le ministre ; faites attention à ce qu’il dira, dit le grand-père aux cadets aux yeux noirs et aux culottes courtes, qui avaient dans les poches un ou deux marbrons qu’ils comptaient bien manier un peu en secret pendant le sermon.

— Bonzou, gand-pa, dit Totty. Moi, vais à éguise. Ais mis mon coier. Donne bonbon. »

Grand-papa, ébranlé par le rire à ces mots de la rusée petite sorcière, mit lentement le doigt dans la poche du gilet sur laquelle Totty fixait les yeux avec une confiante attente.

Et quand ils furent tous loin, le vieillard s’appuya de nouveau sur la porte, les suivant de l’œil le long du sentier, le long du clos voisin, et jusqu’à ce qu’ils eussent disparu derrière la porte éloignée au tournant de la haie. Car les haies à cette époque masquaient la vue, même sur les fermes les mieux soignées, et cette après-midi les églantiers étalaient leurs guirlandes, la belladone était dans toute sa gloire de pourpre et d’or, le pâle chèvrefeuille s’élançait hors de portée au travers de quelques touffes de houx, et, par-dessus tout, un frêne ou un sycomore jetait ici ou là son ombre au travers du sentier. À d’autres barrières se trouvaient d’autres connaissances, qui devaient se mettre de côté pour les laisser passer ; à la barrière du clos était la moitié du troupeau de vaches se tenant l’une derrière l’autre, très-lentes à comprendre que leurs gros corps pussent embarrasser le chemin ; à la barrière suivante était la jument poulinière, la tête passée par-dessus la traverse, et à son côté son poulain de couleur indécise,