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Page:George Eliot Adam Bede Tome 2 1861.djvu/265

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adam bede.

avoir prêché sur la pelouse du village d’Hayslope, dans le Loameshire ?

— Oui, monsieur, certainement. Êtes-vous le monsieur qui arrêta son cheval pour écouter ?

— Oui. Pourquoi désirez-vous entrer dans la prison ?

— Je voudrais aller près d’Hetty Sorrel, la jeune femme qui a été condamnée à mort, et rester avec elle si on me le permet. Avez-vous quelque pouvoir dans la prison, monsieur ?

— Oui ; je suis magistrat, et je puis obtenir qu’on vous fasse entrer. Mais connaissez-vous la coupable, Hetty Sorrel ?

— Oui, nous sommes presque parentes ; ma propre tante a épousé son oncle Martin Poyser. Mais j’étais loin d’eux, à Leeds, et je n’ai pas appris ce grand malheur assez tôt pour arriver ici avant aujourd’hui. Je vous supplie, monsieur, pour l’amour de notre Père céleste, de me faire entrer et rester près d’elle.

— Comment avez-vous appris qu’elle était condamnée à mort, si vous venez seulement d’arriver de Leeds ?

— J’ai vu mon oncle depuis le jugement, monsieur. Il est retourné chez lui, et la pauvre pécheresse est abandonnée de tous. Je vous demande en grâce de me faire accorder la permission d’être avec elle.

— Comment ? Aurez-vous le courage de rester toute la nuit dans la prison ? La prisonnière est très-obstinée et veut à peine répondre quand on lui adresse la parole.

— Oh ! monsieur, Dieu peut encore l’amener à ouvrir son cœur. Ne tardons pas.

— Venez donc, dit le monsieur âgé en sonnant et la faisant entrer ; je sais que vous avez la clef qui ouvre les cœurs. »

Dinah ôta machinalement son chapeau et son châle dès qu’elle fut dans l’intérieur de la cour de la prison, par l’habitude qu’elle en avait quand elle prêchait, priait ou visitait un malade ; et, quand ils entrèrent dans la chambre du