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Page:Georgel - Mémoires pour servir à l’histoire des événements de la fin du 18e s. depuis 1760 jusqu’en 1806-10, tome 1.djvu/20

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I

dans les causes d’apparat, il intervint un arrêt qui déchargea l’abbé Georgel de l’accusation intentée contre lui, déclara calomnieux les mémoires du comte de Broglie, et le condamna pour toute réparation en vingt livres de dommages-intérêts applicables au pain des pauvres, et à tous les dépens, avec l’impression de l’arrêt.

Cette affaire ? qui ne méritoit pas tant d’éclat, puisque tout le crime de l’accusé se réduisoit à des propos fondés sur des ouï-dire fugitifs, dont il n’avoit été que l'écho, avoit attiré la cour et la ville à l’audience. Plusieurs ambassadeurs étrangers s’y trouvèrent. Le comte de Broglie, qui y assistoit, eut le déplaisir d’entendre le public applaudir aux conclusions de M. de Séguier et au prononcé de l’arrêt. Enfin ce fut un vrai triomphe pour l’abbé Georgel qui reçut ce jour-là et les suivans les félicitations des personnages les plus éminens en dignité, et particulièrement de tous les ministres, MM. de Maurepas, de Montbarrey, de Vergennes, de Sartines et Amelot. On lui adressa même des lettres de compliment de Pétersbourg, Vienne, Berlin, Stockholm > etc. (t).

L’abbé Georgel, qui déjà par lui-même jouissoit en cour de la faveur la plus grande, participoit aussi aux grâces dont on ne cessait de combler son patron, malgré l’aversion constante de la reine ; car, depuis son retour de Vienne, le prince Louis avait été nommé successivement grand-aumônier de France, évêque de Strasbourg, cardinal, abbé de Saint- Waast, proviseur en Sorbonne et administrateur de l’hôpital des Quinze-Vingts. L’abbé Georgel, en qualité de grand-vicaire du prince-évêque étoit chargé de tous les détails attachés à ces dignités, ce

(i) Le malin Linguet rendit compte de cette affaire avec sa causticité ordinaire, et n’épargna pas le comte de Broglie, qui, malgré cette mésaventure, n’en étoît pas moins un homme fort estimable à qui la postérité rendra un jour justice ;