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Page:Georgel - Mémoires pour servir à l’histoire des événements de la fin du 18e s. depuis 1760 jusqu’en 1806-10, tome 1.djvu/41

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les consultoient encore dans les affaires les plus importantes. Nulle place ne se donnoit pour le gouvernement de l’église ou de l’État, sans leur aveu ou leur influence : aussi le haut clergé, les grands et le peuple briguoient-ils à l’envi leur protection et leur faveur. Comment donc est-il arrivé que ce soit du Portugal qu’est partie la première secousse qui a ébranlé et renversé ce superbe édifice ? Un ministre excessivement ambitieux et sans principes, un roi foible, fainéant et sans mœurs, préparèrent et consommèrent cette étrange catastrophe par des voies bien extraordinaires.

Carvalho, depuis comte d’Oeiras, et depuis marqui de PombalLe jurisconsulte Carvalho, homme d’un génie moins vaste qu’audacieux et entreprenant, après avoir été chargé des affaires de Portugal dans quelques cours de l’Europe, et notamment à Vienne, revint à Lisbonne pour y occuper une place dans le ministère. J’ai eu l’honneur de connoître à Duc de Bragance.Vienne le duc de Bragance, en 1773 ; il avoit été obligé de s’expatrier pour se soustraire à l’injuste persécution de ce nouveau ministre ; il étoit accueilli à la cour impériale avec l’intérêt qu’inspiroit sa disgrâce et les charmes de son esprit. L’immortelle Marie-Thérèse et son fils, l’empereur Joseph II, lui prodiguoient les égards dus à sa haute naissance et à ses aimables vertus. Je tiens de sa bouche que Carvalho, étant à Vienne,