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Page:Georgel - Mémoires pour servir à l’histoire des événements de la fin du 18e s. depuis 1760 jusqu’en 1806-10, tome 1.djvu/9

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Leurs efforts, pour le faire entrer dans leur ordre réussirent au gré de leurs désirs : il y fut admis fort jeune, et, pendant dix-huit ans, il professa avec succès les humanités et les mathématiques dans leurs collèges de Pont-à-Mousson, Dijon et Strasbourg. C’est dans cette dernière ville que sa réputation le fit remarquer du prince Louis de Rohan, coadjuteur du prince-évêque, son oncle ; et en 1762, c’est-à-dire à la dissolution de la compagnie de Jésus, ce prélat se l’attacha particulièrement et lui donna toute sa confiance. L’abbé Georgel y répondit par un grand dévouement dont il a donné des preuves non équivoques dans plusieurs circonstances critiques. Ce prince, pour le récompenser de son attachement, le combla de bienfaits en lui confiant d’abord la dignité de grand-vicaire de l’évêché de Strasbourg et de la grande-aumônerie de France, en le faisant ensuite nommer administrateur de l’hôpital des Quinze-Vingts, prieur de Ségur, en Auvergne, etc.

La première circonstance notable où l’abbé Georgel eut occasion de faire preuve de zèle en faveur de son protecteur, ce fut la dispute pour la préséance qui s’éleva entre les ducs et pairs de France et les trois maisons de Lorraine, de Rohan et de Bouillon. Les prérogatives et les distinctions dont ces trois maisons jouissoient à la cour, blessoient la fierté des ducs et pairs qui prétendoient ne devoir être précédés que par la famille royale et les princes du sang. Voulant donc faire disparoître cette ligne de démarcation, et revendiquer les anciens droits de la pairie, ils présentèrent à Louis XV un mémoire qui attaquoit spécialement la maison de Rohan, et dans lequel on lui contestoit son origine, qu’elle fait descendre de la maison souveraine de Bretagne. Ce mémoire, fort bien fait, embarrassa le monarque qui voyoit que l’opinion publique, et surtout la cour, semblait être favorable aux ducs et pairs. Il fit part de sa perplexité au maréchal prince de Soubise, et l’engagea à conseiller à sa