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encore disposer de quelques moments pour se donner çà et là aux autres matelots et même au second, qui, vieux, gardait une virilité solide.

Il avait été impossible de dissimuler à l’équipage, la féminité du nouveau matelot. On avait vu, sur le pont même, le Rouquin embrasser Adussias et lui mettre les seins à nu.

On avait, d’ailleurs, remarqué auparavant, que le nouveau venu était nanti de mains fines, blanches et douces. Ses pieds nus ne ressemblaient point non plus à ceux, accoutumés partout, de l’équipage. Enfin le Rouquin ne voulait avec lui, que des marins fieffés et celui-ci ne connaissait ni la manœuvre, ni la mer même.

Avant le jour, où, par un beau soleil au large de Chypre, le Rouquin dénuda la poitrine belliqueuse de sa belle, on était donc assuré, comme disait le loustic de la bande, La Coquille, gaillard qui avait été condamné à mort dans sept pays différents, qu’Adussias c’était surtout pour naviguer « à fesses »…

Du jour où tout le monde connut le sexe de la belle, tout le monde, bien entendu, entendit y goûter. Adussias trouva cela très juste. Elle avait été la maîtresse, à la fois, des douze membres de la bande Adussias premier. Or c’étaient des personnages ardents et que le crime commis par eux en grande série rendait sans cesse flambants comme le bûcher où ils devaient finir.

La fille s’était pourtant astreinte à les réjouir tous. Elle y avait acquis une grande maîtrise des hommes, et un art savant de les tenir en laisse. Aussi lui était-ce un jeu que de mener les vingt-trois matelots du Saint-Elme. Le dur labeur de mer ne les rendait, heureusement, pas