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un gabier et faisait signe aux matelots qu’on rigolerait la nuit venue.

La Manchette, qui posait parfois à la femme et en tirait divers avantages, voulut l’imiter et se mit nu à son tour.

— Coquins ! cria encore le Rouquin en sortant de la cambuse où il avait bu une pinte de rhum, coquins, si j’en vois un qui tourne seulement les yeux vers Adussias, je lui coupe la tête et le reste.

Mais tout un chacun se mit à rire, car Doudou-le-Poilu venait de fermer les yeux et de quitter sa culotte pour montrer, bien braqué vers la maîtresse du capitaine, une pièce de quatorze qui, positivement, semblait de taille à couler bas une frégate.

Le capitaine s’élança, sabre en main, pour couper cette arme offusquante, mais il fut arrêté par le chirurgien.

— Monsieur, dit le célèbre Guillebert, je vous prie de ne pas me forcer à utiliser les toiles à panser et la charpie sans de bonnes raisons…

— Et, remarqua le marquis, de ne pas mettre un homme hors de combat avant la bataille.

Le chirurgien reprit :

— J’ajoute que mes outils exposés à l’air marin se rouillent et que mes baumes perdent leur efficacité à rester exposés et à s’évaporer comme à cette heure. De plus, si vous buvez tout le rhum, que donnerai-je à mes blessés ?

Le Rouquin ne craignait rien tant que les apostrophes du médicastre. Il rengaina sa fureur et ne vit pas Adussias, avec des mines gourmandes, caresser de la paume, la pièce de quatorze de Doudou-le-Poilu.

C’est alors qu’il y eut une saute de vent.