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Page:Georges Damian L’Ardente Flibustière 1927.djvu/36

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ix

Le complot



Le navire espagnol regorgeait de richesses. Il y en avait pour tous les goûts : des liqueurs et du rhum dont se gorgea l’équipage du pirate avec une prodigalité merveilleuse, des étoffes de soie dont le Rouquin se fit faire une djellaba sarrazine, et le marquis une écharpe pareille à un arc-en-ciel, de l’or, du café et du cacao sans compter deux coffrets de pierres fines. Ceux-ci, le Rouquin sut les dissimuler, mais non point à Adussias qui jura de s’en emparer.

On sut que les femmes, sauf une, étaient toutes d’une bourgeoisie madrilène trop dédaigneuse du sexe pour servir des rançons.

On décida donc de vendre cette troupe, avec les enfants des deux sexes, qui se payaient jusqu’à cent livres, pour travailler les plantations de vanille. Car on sait que la vanille mâle doit être mariée à la vanille femelle pour donner un fruit. Cette besogne, à la fois facile et délicate, était faite exprès pour des enfants de race blanche, intelligents et plus soigneux que les esclaves.

Quant à la seule femme de qualité, c’était la propre épouse du gouverneur de Santa-Fere del Cruzinor. On ne pouvait risquer de la faire racheter, car elle avouait posséder dix-sept frères et sœurs. Donc, malgré la fortune des siens, le jeu, pour la famille, n’en vaudrait pas la chandelle. D’ailleurs, ces Espagnols sont ladres en matière