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ESCAL-VIGOR

Ici, son regard se fit plus nébuleux encore et, d’un revers de la main, il s’essuyait la sueur du front, en regrettant sans doute de ne pouvoir en même temps se débarrasser d’une image obsédante.

— Tandis que vous, Blandine, ajouta-t-il, vous ne lui aurez été que baume, sourire et caresse… Ah, laissez-moi, ma pauvre enfant, c’est le moment de la séparation… Cela vaudra mieux pour vous sinon pour moi…

Il se détournait tout bouleversé, lui-même prêt à pleurer, et s’éloignait en faisant le geste de la repousser, mais elle s’empara avidement de cette main qui se flattait de la bannir :

— Vous ne le voudrez pas, Henry ! s’écria-t-elle avec un accent de supplication qui alla au cœur du jeune comte. Où m’en irais-je ? Après votre sainte aïeule, il ne me reste que vous à chérir. Vous êtes ma raison d’être. Et surtout ne me parlez pas de sacrifice. Les années que j’eus le bonheur de passer auprès de Mme de Kehlmark n’auraient jamais pu être plus belles !… Je dois tout à votre grand’mère, monsieur le comte !… Ô laissez-moi bien humblement reporter sur vous la dette que j’ai contractée envers elle… Vous aurez besoin