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ESCAL-VIGOR

Mme de Kehlmark n’ayant jamais pu s’habituer aux grimaces de ce singe.

Maintenant le gaillard était bel et bien dans la place et, comme on dit à la chambrée, s’il cachait son jeu, il avait du moins tiré son plan. Pas souvent qu’il se contenterait toute sa vie de ces grappillages et de ces carottes de domestique infidèle. Autrement sérieux, les projets du groom ! Si la rude Claudie ambitionnait de devenir comtesse de Kehlmark, Landrillon, lui, s’était promis d’épouser la gouvernante du château. Il va sans dire qu’il avait deviné d’emblée la liaison entre Henry et Blandine ; mais, pas dégoûté du tout, il se contenterait parfaitement des restes du maître. La majordome de l’Escal-Vigor représentait une gaupe assez friande aux yeux de cet amateur, mais il l’épouserait surtout pour l’amour de la « belle galette » qu’elle avait su soutirer à la vieille. De son côté, notre bourreau des cœurs n’avait pas amené non plus un mauvais numéro à la loterie des agréments naturels, et de plus il possédait quelques économies rondelettes.

Toutefois, la décente Blandine ne laissait pas d’en imposer quelque peu à cet épateur de souillons. C’est qu’elle ressemblait à une vraie dame,