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Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/150

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ESCAL-VIGOR

de paille à tête de pain bis, représentant sa digne compagne et son âme damnée, et, comme, à la suite de cette injure, il s’était répandu en de nouveaux anathèmes contre le Dykgrave et Blandine, les polissons de Klaarvatsch barbouillèrent d’excréments la façade nouvellement repeinte du presbytère.

Jaune de dépit et de rancune, le pasteur semblait se trouver seul contre toute la paroisse et même contre toute l’île.

— Comment, se demandait Balthus Bomberg, réduire cet orgueilleux Kehlmark ? Comment entamer son prestige, détacher de lui ces brutes égarées et aveuglées, les insurger contre leur idole, leur faire brûler ce qu’elles adorent !

Loin de l’écouter, on désertait son église. Il finit par ne plus prêcher que devant des bancs vides. Une douzaine de vieilles cagotes, dont sa femme et les deux sœurs du bourgmestre, furent seules à le soutenir.

Dans l’engouement idolâtre que le jeune Dykgrave avait suscité, entrait un peu du culte exalté du peuple de Rome pour Néron, son indulgent et prodigue pourvoyeur de pain et de spectacles.