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ESCAL-VIGOR

— Non je ne vous chasse pas, mais je n’entends point qu’on me mette le marché à la main. Si ceux qui prétendent m’aimer ne consentent point à faire bon ménage et se jalousent entre eux, je me sépare de celle qui a proféré des menaces et conspiré envieusement contre un autre être qui m’est cher. Voilà tout. J’ai vécu et je vivrai toujours libre de mes sympathies et de mes inclinations ! D’ailleurs, continua-t-il en la prenant par la main et en la regardant avec une indicible expression d’orgueil et de défi, rappelez-vous que je vous ai prévenue avant de m’exiler ici. Je voulais me séparer de vous. Avez-vous oublié votre promesse : « Je ne serai plus que votre fidèle intendante et ne vous importunerai en rien. » Je cédai à vos supplications, mais non sans prévoir que vous vous repentiriez de ne pas m’avoir abandonné à mon destin… Ce qui arrive me donne raison. Cette expérience suffit, je crois… Allons, sans rancune, Blandine, cette fois le moment est venu de nous quitter pour jamais…

Que lut-elle de si poignant, de si critique dans le regard du Dykgrave ?

— Non, non, je ne veux pas, s’écria-t-elle. Je réitère ma promesse d’autrefois. Tu verras, Henry.