Aller au contenu

Page:Georges Eekhoud - Escal-Vigor.djvu/257

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
249
ESCAL-VIGOR

pourtant, je te le répète, ils abondent ce soir par les chemins, les solides et les flamboyants coqs qui halètent après ces poules friandes et qui se régaleront de celles que tu dédaigneras !… Allons, prononce-toi ! À laquelle va ta fantaisie de nouvel homme ? À qui les prémices de ta force ?

Le jeune homme devina un sinistre persiflage en ces paroles flatteuses, les premières qu’elle lui adressât depuis de longs mois qu’ils étaient brouillés, et, au lieu de répondre à sa sœur, il se flatta d’amadouer les dix autres femelles, solides gaillardes du type de Claudie, la gorge abondante et la croupe élastique.

— Je le regrette, les jolies filles ; je suis pressé, je reviendrai tout à l’heure ; on m’attend au château !

— Au château ! se récrièrent-elles. Au château ! On n’y a pas besoin de toi, aujourd’hui.

— Le Dykgrave se passera bien de tes services ! — C’est kermesse et campo pour tout le monde ! — On chôme chez les maîtres comme chez les valets ! — Le plaisir prime la corvée ! — L’amour passe avant le devoir ! — Puis, il a de quoi s’occuper avec sa Blandine, ton Dykgrave ! dit Claudie d’un ton qui ouvrait à Guidon les pires alternatives.