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ESCAL-VIGOR

jeunes gamins, la marmaille de Klaarvatsch, les porteurs de torches des sérénades, éclairaient, béants, cet atroce mystère ou en mimaient l’indécence. D’autres s’appelaient comme des hyènes à la curée et, tandis que les cuivres funambulesques continuaient de rauquer, ces rires étaient vraiment ceux des animaux profanateurs. Les jeunes mâles qui avaient langui pour Claudie la flattaient de leurs trémous lascifs et balourds, pendant que du geste et de la parole elle continuait à exciter ces corybantes. Que ne le dépeçaient-elles à vif ? Allait-il périr disséqué sous les ongles ?

Les siècles écoulés avaient probablement vu les arrière-aïeules de ces immolatrices s’acharner ainsi sur des naufragés, danser autour d’un bûcher d’épaves ; et, aux temps fabuleux, saint Olfgar avait dû voir semblables rictus de cannibales faire la nique à son agonie.

Landrillon, irrémissiblement compromis, ne gardait plus aucun ménagement et, volant de l’un à l’autre, racontait à sa façon les mystères de l’Escal-Vigor, dévoilait à qui voulait l’entendre les stupres de Guidon et de son protecteur, mettant de cette façon la religion et les bonnes mœurs dans son jeu : le scélérat obscène devenait un jus-