Ah ! Dieu ! Où la volonté d’en haut va-t-elle choisir ses élus ? (Sur le ton dont on débiterait le récit de Théramène.) Il y avait une demi-heure que j’attendais en tournant autour de l’obélisque, quand tout à coup, du haut des Champs-Élysées, arrive à fond de train, au milieu d’un escadron de la garde républicaine… le président de la République, dans sa victoria !… Je me dis, palpitante d’émotion : « Le voilà bien celui que le Ciel devait désigner pour engendrer de sa parole l’enfant qui sauvera la France ! »
C’est une folle.
Voyant en lui l’homme marqué par le destin, je veux m’élancer vers l’équipage ! mais déjà un bras m’a arrêtée ! Comme le vent, au milieu d’un cliquetis d’armes, le Président a passé (D’une voix désappointée.) sans même jeter un regard sur moi ! Et c’est de la bouche du plus humble que je reçois la parole fécondante : « Allons, circulez, madame ! » (Un temps.) L’élu d’en Haut était un simple gardien de la paix !
Allons donc !
Qué drôle de maison !