Page:Georges Feydeau - La dame de chez Maxim.djvu/107

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Madame Petypon, avec élan.

Ah ! Dieu ! Où la volonté d’en haut va-t-elle choisir ses élus ? (Sur le ton dont on débiterait le récit de Théramène.) Il y avait une demi-heure que j’attendais en tournant autour de l’obélisque, quand tout à coup, du haut des Champs-Élysées, arrive à fond de train, au milieu d’un escadron de la garde républicaine… le président de la République, dans sa victoria !… Je me dis, palpitante d’émotion : « Le voilà bien celui que le Ciel devait désigner pour engendrer de sa parole l’enfant qui sauvera la France ! »

Le Général, la considère un instant d’un œil de côté, puis, au public, affirmativement.

C’est une folle.

Madame Petypon, poursuivant son récit.

Voyant en lui l’homme marqué par le destin, je veux m’élancer vers l’équipage ! mais déjà un bras m’a arrêtée ! Comme le vent, au milieu d’un cliquetis d’armes, le Président a passé (D’une voix désappointée.) sans même jeter un regard sur moi ! Et c’est de la bouche du plus humble que je reçois la parole fécondante : « Allons, circulez, madame ! » (Un temps.) L’élu d’en Haut était un simple gardien de la paix !

Mongicourt et Petypon, affectant le plus grand intérêt.

Allons donc !

Le Général.

Qué drôle de maison !

Il gagne l’extrême gauche.