Page:Georges Feydeau - La dame de chez Maxim.djvu/272

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Dis donc ! est-ce que je t’en ai jamais parlé, de mes amants, tant que tu étais avec moi, hein ?… (Se détachant un peu à droite.) Mais aujourd’hui que tu ne m’aimes plus !…

Corignon, sur un ton maussade, et les yeux fixés sur son doigt qu’il promène sur le dossier de la chaise.

Ah ! je ne t’aime plus… je ne t’aime plus !… Je n’en sais rien, si je ne t’aime plus !…

La Môme, retournant le couteau dans la plaie.

Puisque tu te maries !

Corignon, se retournant, rageur, en frappant du pied.

Ah ! et puis ne m’embête pas avec mon mariage ! (Il remonte.) C’est vrai, ça ! plus j’en approche et plus je recule !…

La Môme, le dos à demi tourné à Corignon, malicieusement et en sourdine.

Eh ! allez donc ! c’est pas mon père !

Corignon, brusquement, descendant vers la Môme et la faisant virevolter face à lui.

Écoute ! Te sens-tu encore capable de m’aimer ?

La Môme, avec une moue comique, les yeux baissés.

On pourrait !

Corignon (1), lui prenant les deux mains.

Vrai ? Eh ! bien, dis un mot ! dis ! et j’envoie tout promener !

La Môme (2), retirant ses mains, d’un petit air sainte nitouche.

Oh ! tu ne voudrais pas faire une crasse à cette petite !