Aller au contenu

Page:Georges de Lys - Les Conquerants de l'air, 1910.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Hervé, intrépidement, parcourut nos lignes, prescrivant aux siens de s’accroupir derrière le parapet, sans répondre à l’ennemi par un gaspillage de munitions trop précieuses pour être employées autrement qu’à coup sûr.

Devant le silence subit de la place, les Chinois crurent l’avoir réduite à l’impuissance. De nouveau ils s’élancèrent. Cette fois ils apportaient des troncs, des monceaux de verdure, des mottes terreuses sur lesquelles le feu ne mordait point aisément. Le même silence accueillit leur approche ; ce ne fut qu’à une cinquantaine de pas des remparts que les rafales se déchaînèrent, creusant dans leur masse des trouées sanglantes.

Si ralenti qu’il fût, l’élan ne fut pas endigué, et les Jaunes de nouveau bordèrent le fossé. En hâte ils précipitaient arbres, herbes, terre et aussi les cadavres des leurs. Sur cet amoncellement de matériaux et de corps humains, dont certains se tordaient encore dans les affres de l’agonie, d’audacieux partisans franchirent l’obstacle et s’attaquèrent aux palissades, en dépit du carnage affreux que le feu à bout portant de la place creusait sans relâche dans leurs rangs.

Un horrible cri de triomphe enfin retentit… Par une large brèche, le flot jaune répandait son torrent.

À un signal de clairon, exécuté par le Parigot, bon à tout et ancien membre de la fanfare des Gobelins, sur l’ordre de Le Penven, les assiégés simultanément battirent en retraite. Le capitaine ne pouvait exposer son