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Page:Georges de Lys - Les Conquerants de l'air, 1910.djvu/62

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et le sort peut-être funeste !… Telle était la lourde part de Roland, et Jeanne se sentait préférer les menaces de sa situation si précaire à la sécurité impuissante, torturée d’incertitude, que les événements infligeaient à son fiancé. Elle ne doutait pas que, s’il l’eût pu, Roland aurait voulu être avec eux, prêt à triompher ou à succomber ensemble. Aussi était-ce pour l’absent d’abord que la prière de la jeune fille demandait à Dieu la force et la foi.

La retraite s’opérait lentement, méthodiquement ordonnée, accomplie avec une précision absolue des moindres détails. Chaque ouvrage d’art une fois franchi, le train faisait halte et ne reprenait route qu’une fois sa destruction exécutée. Au passage étaient recueillis les divers postes échelonnés sur la voie. Grâce à la précision des ordres envoyés, aucun d’eux ne manqua au rendez-vous. Aussi, à son arrivée à Lang-Son, le colonel Sauzède se trouva-t-il à la tête de deux bataillons d’infanterie coloniale, d’un autre de tirailleurs tonkinois, de batteries d’artillerie de campagne, qu’il distribua en deux groupes, de deux autres de montagne, d’un détachement du génie commandé par un adjudant, enfin de postes de miliciens dont il forma des compagnies de réserve. Il atteignait, en ajoutant à ces forces les quelques hommes des services auxiliaires, un effectif de deux mille six cents et quelques combattants, commandés par une cinquantaine d’officiers, et vingt-six bouches à feu.

Ce petit corps lui parut insuffisant pour tenir Lang--