Page:Georges de Scudéry - L'amour tyrannique.pdf/31

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Accordez-nous un bien que nous désirons tous ;

Souffrez que vos sujets expirent devant vous ;

Et qu'aux yeux de celui dont la main vous opprime,

Notre sang répandu lui reproche son crime. [430]

Nos courages unis en cette extrémité,

Sont tous pleins de constance et de fidélité ;

Votre main dans les fers est autant respectée,

Comme en tenant un sceptre elle était redoutée :

Et quelque indignité qu'on vous fasse en ces lieux, [435]

Nous adorons en vous une image des dieux.

Ne croyez pas, seigneur, qu'une faiblesse d'âme

Nous ait fait éviter et le fer et la flamme ;

Nous avons défendu nos murs et nos fossés ;

Contre vos ennemis, mais ils nous ont forcés : [440]

Si bien que nous cherchons, en perdant la province,

La gloire de mourir aux pieds de notre prince.

OROSMANE

Ha ! Bons et vrais sujets, dignes d'un autre sort,

Le ciel s'apaisera peut-être par ma mort !

Oui, vos fidélités auront leur récompense : [445]

Je sais votre devoir, mais je vous en dispense :