Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/108

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Mais l’esprit philosophique ne pouvait se contenter d’une explication également applicable aux faits les plus contraires. Par son essence, la volonté est plus ou moins arbitraire : il fallait à l’esprit philosophique un plus ferme appui ; il cherchait partout les lois de la nécessité. Tantôt la toute-puissance divine fut soumise à de telles lois ; tantôt la matière elle-même et ses accidents furent regardés comme nécessaires.

Pressé de trouver au dehors les ressemblances à son modèle intérieur ; encore peu informé des vérités de la nature ; ignorant et la quantité de chaque phénomène et leurs rapports entre eux, l’homme de génie, inspiré par le sentiment profond des conditions de l’être, était entraîné vers la recherche d’une dépendance mutuelle entre les faits dont il était le témoin. Il les coordonnait suivant ses convenances intellectuelles, et demandait aux analogies ce qui manquait encore à ses connaissances positives. L’esprit de système devait, sans doute égarer l’intelligence humaine : c’était l’effet inévitable de son penchant à mettre à la place des certitudes, qui n’étaient pas acquises, mille conjectures hardies qui, démenties ensuite par des observations nouvelles,