Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas le courage de renoncer à l’espérance, tant de fois déçue, de réaliser enfin la copie fidèle du type de l’être. Il reconstruisit l’univers sur un nouveau plan. Mais le noble exemple qu’il avait donné servit bientôt à faire rejeter son propre système. Descartes rendit ainsi à la raison un service immense : il créa pour elle une époque nouvelle, elle lui doit son indépendance. L’hypothèse ingénieuse des tourbillons semblait appartenir au temps qui venait de finir ; aussi en marqua-t-elle la dernière limite, et les efforts de l’esprit humain changèrent-ils alors entièrement de direction.

Les sciences mathématiques étaient composées de deux parties distinctes. Descartes sut les réunir. Elles avaient déjà fait d’assez grands progrès ; l’application de l’algèbre à la géométrie leur imprima un nouvel essor. Elles étaient isolées de toutes autres recherches ; la langue des calculs, déjà ployée à un usage nouveau, fut bientôt après susceptible d’exprimer les grands faits du ciel. Ainsi le même homme qui avait eu la gloire de renverser d’anciennes erreurs eut la gloire, plus grande encore, d’ouvrir à ses successeur une route dans laquelle il était impossible de s’égarer.