Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/14

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c’est qu’il fut un moment l’un des directeurs de la Banque.

Ainsi, née l’année même du renvoi de Turgot, c’est-à-dire au seuil de la Révolution, Sophie Germain reçut dès sa plus tendre enfance, dans les conversations qu’elle entendit chez son père, l’influence de la vigueur intellectuelle que le dix-huitième siècle manifestait alors ; que si une inclination naturelle la porta aux études mathématiques, la philosophie scientifique dont elle vit l’éclosion laissa dans son esprit une empreinte ineffaçable. On verra plus loin comment, par sa méthode de raisonner, elle se rattache à l’école de Diderot et de Condorcet.

La manière dont elle fut avertie de sa vocation mathématique mérite d’ailleurs d’être rapportée.

C’était en 1789. L’agitation révolutionnaire éclatait de toutes parts et, déjà, à l’âge de treize ans, avec la sagacité dont elle devait donner tant de preuves plus tard, Sophie Germain comprenait et, a-t-on dit, prédisait l’étendue et la durée d’un mouvement en lequel beaucoup ne voulaient voir qu’une tourmente passagère. Désireuse de se choisir une occupation assez sérieuse