Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/164

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laquelle leur position sociale les avait condamnés ; ils ne se sont livrés à aucune étude spéciale, avant de prendre place parmi les hommes qui influeront sur le sort de leurs semblables ; et les partis violents sont les seuls qu’ils puissent adopter, parce qu’ils y trouvent l’emploi de leurs forces, et sont dispensés de l’adresse, fruit des connaissances qui leur manquent.

L’égalité est une erreur, et la mécanique vient encore ici nous fournir une analogie nouvelle. Deux masses de même poids peuvent avoir des forces vives très différentes. Le plus petit poids placé au bout d’un levier fera équilibre à une masse aussi forte qu’on le voudra ; il ne s’agit que d’établir l’égalité entre les forces virtuelles.

La même chose a lieu dans les sociétés, et les révolutions ne sont si dangereuses, si hasardeuses, si incertaines dans leurs résultats, que parce qu’elles changent tout à coup les rapports entre les forces vives des différentes classes de la société. À la vérité, et nous l’avons dit plus haut, ce que les révolutions ont de violent et d’irrégulier disparaît bientôt, en vertu de ce théorème général qui montre que, en toutes choses,