Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/207

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main est celle de la mesure de la terre, de ce globe où l’homme occupe un si petit espace. Il ne peut cependant connaître que l’étendue qu’il peut parcourir ; il n’a d’échelle et de module que ses dimensions individuelles ; ses pas répétés ont mesuré l’espace et lui ont fourni les premières mesures, le pied et le pas. La coudée est la longueur de l’avant-bras, et la toise n’est que la hauteur de sa propre stature. Que sont ces petites mesures en comparaison de la vaste circonférence du globe ? Mais l’homme ne s’est point étonné de sa petitesse ; son ambition lui a fait trouver des ressources dans son intelligence. Il a accumulé les petites mesures pour embrasser les plus grandes, et il s’est fait l’unité à laquelle il a rapporté toutes les parties de l’univers.

L’Asie nous révèle le caractère ancien et primitif de l’homme. Il semble avoir craint son espèce plus que toutes les autres ; concentré dans sa famille, dans sa nation, le reste de la nature ne lui offrait que des ennemis. Cette crainte s’est perpétuée, elle est devenue l’esprit universel et