Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/214

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tiennent plus à la patrie, que la patrie ne tient à eux ; leurs concitoyens, composés d’indifférents et d’envieux, ne les connaissent point on les connaissent mal, et ne leur rendent justice qu’après leur mort. Mais l’homme tient au lieu où il est né, par le souvenir de l’enfance et de la jeunesse ; il n’oublie jamais le théâtre de ses premières affections, la carrière de ses travaux et de sa gloire ; il se console de vieillir par le spectacle des lieux où tout est réminiscence et où il jouit encore du passé. S’il est transplanté dans des lieux étrangers, les objets nouveaux n’ont point d’attrait dans l’âge où l’on perd la sensibilité ; son existence, à la fois vieille et nouvelle, lui pèse, il ne jouit plus, et sa vie se consume par le regret.

La diversité des opinions est infinie, les conceptions sont aussi différentes que les traits des physionomies ; sur une matière donnée, autant d’hommes, autant d’idées. Les idées extrêmes existent à la fois, et les esprits se partagent toutes les nuances. Mais la vraie opinion d’un siè-