Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/22

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aux sarcasmes de Molière pour justifier ce mot de La Bruyère : « Si la science et la sagesse se trouvent unies en un même sujet, je ne m’informe plus du sexe, j’admire ». Que si, d’ailleurs, Mlle  Germain fit son entrée dans le monde au murmure favorable d’une bonne renommée, après une existence toute de travail et de réserve, elle en sortit de même, quittant une œuvre impérissable et non une gloire tapageuse.

Tant de marques de sympathie, tant d’amitiés illustres, loin d’être pour celle qui en était le digne objet une occasion de vanité ou de distraction, devinrent pour elle un nouveau stimulant. Pendant plusieurs années, on la trouve puisant dans des conversations familières, où elle-même excellait, des aliments pour son esprit, et, labeur incessant à un moment où la science biologique se constituait par une infinie variété d’efforts[1], se tenant au courant des cours, des livres et des découvertes, déjà obsédée peut-être de la pensée

  1. Gœthe, Essais d’Histoire naturelle de Morphologie, 1790 ; Cuvier, Tableau élémentaire de l’histoire naturelle des animaux, 1794 ; Geoffroy-St-Hilaire, Mémoire sur les Makis, 1795 ; Lamarck, Mémoires de physique et d’histoire naturelle, 1797 ; Bichat, Cours public d’anatomie, 1797, etc., etc.