Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/235

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remonter de ces conséquences isolées au principe dont elles dépendent. Mais ce qui donne cette profondeur, ce qui exerce ce jugement, c’est l’imagination, non celle qui se joue à la surface des choses, qui les anime de ses couleurs, qui y répand l’éclat, la vie et le mouvement, mais une imagination qui agit au dedans des corps comme celle-ci au dehors. Elle se peint leur constitution intime, elle la change et la dépouille à volonté ; elle fait, pour ainsi dire, l’anatomie des choses et ne leur laisse que les organes des effets qu’elle veut expliquer. L’une accumule pour embellir, l’autre divise pour connaître. L’imagination qui pénètre ainsi la nature, vaut bien celle qui tente de la parer. Moins brillante que l’enchanteresse qui nous amuse, elle a autant de puissance et plus de fidélité. Quand l’imagination a tout montré, les difficultés et les moyens, le géomètre peut aller en avant ; et s’il est parti d’un principe incontestable, qui rende sa solution certaine, on lui reconnaît un esprit sage. Ce principe le plus simple lui offre-t-il la voie la plus courte, il a l’élégance de son art. Et enfin il a du génie, s’il atteint une vérité grande, utile et longtemps séparée des vérités connues.