Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/239

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intéressantes. La première est de savoir si l’action de la gravité est instantanée malgré la distance. Laplace, pour y répondre, remarque que tout ce qui se transmet à travers l’espace, nous paraît répondre nécessairement à ses différents points. Dans notre manière de concevoir un effet, l’idée du temps est inséparablement liée à celle de l’espace : la notion de la vitesse naît de leurs rapports. Une vitesse plus grande suppose un temps plus court, et si, par la puissance de l’imagination, nous essayons de nous représenter une vitesse infinie, il nous reste toujours l’idée d’un temps infiniment petit. Le temps ne peut être anéanti dans notre pensée. Peut-être cette conception n’est-elle en effet que l’habitude de nos observations. S’il existe dans la nature une action instantanée, elle est nulle pour nous puisqu’elle ne peut être comparée. Tout fait unique sera toujours inconcevable. Il est donc très possible que, ne pouvant analyser la matière, voir ses éléments à nu, saisir le mécanisme de leur action mutuelle, nous ne concevions pas comment la force de la gravité agit instantanément aux plus grandes distances. Mais cette difficulté de concevoir un fait n’est pas une raison de croire