Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/380

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Dans le lyrisme, le compositeur veut-il être maître de l’imagination et du sentiment, il choisira le mode qu’imposera la sensation ; et l’auteur même du drame devra se soumettre à la fois à la connaissance des procédés du langage musical et aux règles de notre constitution mentale.

Sophie Germain nous montre aussi, avec ravissement, le degré de positivité que la mathématique a pu introduire en astronomie et en physique ; elle essaie de l’étendre aux phénomènes sociaux, mais elle envisage, abstraitement, des cas comparativement très simples. Elle sent bien d’ailleurs la difficulté de ces problèmes, car elle nous pousse aux études encyclopédiques, dont le complet épanouissement mettra l’homme en possession de toutes les vérités. Alors la justice ne sera plus que la conséquence nécessaire de l’universelle révélation scientifique, et chacun aimera la vertu comme on aime l’ordre. La conviction de Sophie Germain est telle qu’on se laisse conduire par ce géomètre au cœur pur, par cet algébriste plein de poésie et de lyrisme.

Mais il faut cependant, près d’un demi-siècle après l’œuvre de Sophie Germain, regarder autour de nous et reconnaître que les plus grands politiques ne sauraient, pour le moment, prévoir à très longue distance, car les problèmes sociaux sont d’une extrême complication ; et cependant la philosophie positive, après la logique mathématique, nous a donné la logique expé-