Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/399

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Les lois simples et régulières du mouvement des planètes sont, pour Sophie Germain, le modèle et le type à venir des théories scientifiques dont le domaine, peu à peu, doit embrasser l’ensemble des connaissances humaines. Elle oublie peut-être que d’autres mouvements non moins naturels, non moins dociles aux lois rigoureuses de la mécanique s’accomplissent plus près de nos yeux, et qu’à la majestueuse régularité des phénomènes célestes, on peut, sans excès de défiance, opposer les caprices de l’empire des vents et l’inconstance des abimes de la mer.

Sous le titre général d’Œuvres philosophiques de Sophie Germain, on a réuni au discours sur les sciences et les lettres, quelques pensées écrites par elle à l’occasion de ses lectures, sans intention, bien certainement, de les livrer au public. En confirmant l’opinion depuis longtemps formée sur l’esprit élevé et hardi de l’auteur, elles restent bien loin d’atteindre l’élégante perfection, qu’un mot de plus ou de moins ferait souvent disparaître dans les courts chefs-d’œuvre où les maîtres en ce genre l’ont laborieusement cherchée et atteinte.

Choisissons une seule citation, au risque de faire croire à trop de sévérité dans le jugement qui précède :

« Quand les hommes instruisent leurs semblables, l’envie, active envers les vivants, se rend difficile pour tout ce qu’ils proposent. C’est avec effort que