Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/40

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(au mémoire) porte moins sur l’hypothèse dont vous êtes partie que sur la manière dont vous avez appliqué le calcul à cette hypothèse. Le résultat auquel ce calcul vous a conduite ne s’accorde avec le mien[1] que dans le seul cas où la surface s’écarte infiniment peu d’un plan, soit dans l’état d’équilibre, soit dans l’état de mouvement ».

Plus sûre d’elle-même, Mlle  Germain avait, pour ce nouveau concours, renoncé à l’anonymat[2]. L’Académie rendit un jugement à la suite duquel le Mémoire fut enfin couronné, quoique l’équation n’y fût pas encore démontrée rigoureusement[3].

  1. Poisson avait été conduit directement à l’équation de Sophie Germain, équation rectifiée par Lagrange, sans le secours d’aucune hypothèse. Poisson, Mémoire sur les surfaces élastiques, 1er  août 1814.
  2. « L’ouverture du billet cacheté fit connaître le nom d’une femme, Mlle  Germain, probablement la seule personne de son sexe qui ait pénétré le plus profondément dans les mathématiques, sans en excepter Mme  du Châtelet, car ici il n’y avait point de Clairaut ». Biot, Journal des Savants, mars 1817.
  3. « Malgré ce succès mérité, la base fondamentale de la théorie restait encore à établir : la difficuIté consistait surtout à exprimer analytiquement comment s’exerce la réaction élastique d’une surface rigide. On en conçoit bien le principe dans une simple courbe ; il résulte de la résistance que les éléments successifs opposent à être fléchis les uns sur les autres et à changer leur angle de contingence actuel ; mais comment exprimer cette condition pour une surface où la flexion peut avoir lieu en tous sens ? Il semblait qu’on ne pût y parvenir que par quelque proposition plus ou moins vraisemblable qui permît d’exprimer la réaction de la surface par les reactions partielles des courbes dont elle était composée. C’est ce que j’avais fait, et probablement ce qu’avaient fait M. Lagrange et l’auteur de la pièce couronnée. M. Poisson a pris une autre marche bien plus hardie et bien plus générale, mais aussi plus certaine. Il a considéré la surface élastique telle qu’elle existe physiquement dans les corps naturels, c’est-à-dire comme composée d’éléments matériels qui, retenus par leurs attractions réciproques à de certaines distances, se repoussent naturellement vers cet état d’équilibre, lorsqu’on les en a écartés ». Biot, Journal des Savants, mars 1817.