Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/56

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tous les deux très versés dans les sciences et dans les lettres, et, par conséquent, ne méconnaissaient l’importance ni de celles-ci ni de celles-là ; d’où vient donc, entre eux, cette divergence d’opinion, l’un n’hésitant pas à identifier ces deux rameaux du génie humain, l’autre s’empressant de les différencier ? La question est plus intéressante qu’il ne semble tout d’abord.

Dans l’espace de temps qui sépare la maturité de ces deux grands esprits, le renouvellement intellectuel introduit par Descartes, et dont tous les deux procèdent, s’était singulièrement étendu ; il s’était étendu à ce point que si Fontenelle peut être considéré comme un lien entre la philosophie cartésienne — laquelle se borne à prendre l’ordre céleste pour base de l’ordre terrestre — et les découvertes qui ont constitué la chimie et la biologie, Condorcet, lui, doit être regardé comme le précurseur de la philosophie en laquelle ces deux dernières sciences, préambule indispensable de la sociologie, prennent place pour compléter le vaste ensemble de la connaissance réelle. L’école cartésienne avait dit : « Des lois gouvernent le monde inorganique, et, sur ce point primordial, elle avait écarté les explications fictives, les lais-