Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/58

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physique et du moral, aux comparaisons des organes et des formes, et, ne se bornant même plus à de simples observations, s’élèvent à des conceptions inductives : voilà la vie interrogée dans toutes ses manifestations, manifestations qui constituent une science unique, la biologie, à laquelle désormais il faudra demander le secret des phénomènes cérébraux chez l’homme et chez l’animal. Tout cela, sans doute, sera développé, précisé, coordonné au siècle suivant ; mais, déjà, quel changement dans les idées, dans les opinions, dans les perspectives ! Or, Fontenelle, malgré son admirable instinct de l’évolution scientifique qui commençait à s’accomplir de son temps, ne pouvait apercevoir comme l’aperçut Condorcet, plus tard venu, la secrète connexité des impulsions intellectuelles.

J’ignore si Sophie Germain, frappée de l’aperçu si neuf de Condorcet, l’avait gardé en sa mémoire comme on conserve un germe précieux pour s’en servir au temps convenable ; ce que je sais, c’est que son œuvre philosophique a précisément pour objet de faire tomber, sous le poids d’une démonstration contraire, les barrières fictives qu’on s’était plu jusque-là, à supposer entre l’imagination