Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/63

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et des idéalisations de plus en plus proches de la réalité selon qu’il est mieux renseigné sur les faits observables, la marche de l’humanité à travers les âges apparaît comme une suite de phases logiquement enchaînées : les fictions mènent à la vérité, le passé prépare l’avenir. Qui ne reconnaît ici la philosophie positive ?

Est-ce à dire que Sophie Germain ait eu, dans cette façon d’envisager le développement intellectuel de l’humanité, la puissance et la justesse du fondateur de la sociologie ? Point : elle ne distingue pas entre les procédés logiques celui qui est propre à chaque catégorie de la connaissance ; elle n’indique pas, tout en constatant la similitude organique du génie esthétique et du génie scientifique, la destination différente de l’art et de la science, et son œuvre n’est pas exempte de toute métaphysique. Toutefois, si elle se rattache aux anciennes écoles par une tendance à réunir sous une même loi l’ordre physique et l’ordre moral, il y a cependant chez elle plus de conformité générale avec les doctrines d’Auguste Comte qu’avec celles des philosophes en quête de l’absolu. J’en prends pour preuve la manière dont la question est posée par elle