Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/66

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naissance où l’imagination soit maîtrisée par la vérité comme elle le fut par l’erreur, espoir qui, perçant partout, partout corrige l’exactitude de l’esprit par l’abondance du cœur, elle emploie tout cela pour émouvoir et pour convaincre. Elle convainc et elle émeut.

Ce qui fait, même aujourd’hui, cette œuvre de Sophie Germain si vivante, c’est quelque chose de plus encore que l’intuition d’un accord nouveau entre nos pensées et nos sentiments ; en même temps qu’elle indique au savant, au poète, à l’artiste quels rapports les unissent, rapports artificiels aux temps où des hypothèses plus ou moins heureuses formaient toute leur richesse intellectuelle, on sent qu’elle a conscience de travailler à établir les rapports véritables qui feront, comme elle le dit elle-même, ressortir dans tout son jour, l’identité entre le module de chaque science, de chaque art, et les diverses parties de cette science ou de cet art. Et, certes, ce n’est pas là une chimère. Toujours la poésie digne de ce nom, j’entends celle qui n’est pas limitée à l’expression, a reposé sur quelque philosophie ; toujours les artistes des belles époques ont été les interprètes émus d’une doctrine fondamentale commune au