Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/70

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rain, qui s’enfoncent dans l’âme et qu’on n’en arrache pas ».

Il faut distinguer toutefois. Quelques-unes de ces Pensées, quoique vraies, sont d’une vérité particulière, contemporaine, passagère. Celle-ci, par exemple :

« C’est là (dans les académies), que l’esprit humain réside : il y est vivant dans un nombre d’hommes réunis, il y rend des oracles par leur organe et sous cette forme humaine, animé des passions de l’utilité et de la gloire, il est unique comme l’individu et durable comme l’espèce ».

Juste naguère, cette opinion de Sophie Germain ne saurait plus être admise sans réserve.

Sans doute, la fondation des académies répondit à un besoin, celui d’empêcher la dispersion des connaissances acquises, dispersion devenue imminente ; sans doute elle rendit un service, celui de montrer la nécessité de coordonner les différentes branches du savoir ; sans doute, elle eut un utile et immédiat effet, celui de répandre la foi scientifique. Mais le but, c’est-à-dire la coordination, ne fut pas atteint ; j’ajoute qu’il ne pouvait pas l’être, et cela pour plusieurs raisons.