Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/72

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supprima le tout et, s’il convient de protester contre la persécution momentanée des savants par les rhéteurs — ce qui fut un incident, non un système, au sein de l’immortelle assemblée — il faut reconnaître qu’elle avait un juste sentiment des besoins intellectuels, en détruisant les Académies fragmentaires pour fonder l’École polytechnique, besoins qui consistaient à embrasser dans une même étude les phénomènes cosmologiques et biologiques. Bonaparte, rétrograde en ceci comme en tout, détourna la nouvelle institution de son fonctionnement naturel, sabra la science comme il sabrait les hommes et, depuis lui, qu’on me passe la vulgarité de l’image, c’est comme un ver coupé dont les tronçons s’agitent sous la coupole de l’Institut. Et, de fait, toute conception d’ensemble étant écartée des délibérations de nos académiciens, les académies, utiles autrefois comme moyen de préparation, sont aujourd’hui nuisibles en ce sens que, reflet de notre désaccord intellectuel, elles en prolongent les tristes effets sociaux. Et puis, les passions dont elles sont animées sont-elles toujours celles « de l’utilité et de la gloire ? » Qui écrirait l’histoire de leurs exclus, de leurs oubliés, de leurs mécon-