Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/81

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tiennent pas à honneur de relever une pierre sur laquelle le temps effacerait bientôt un nom qui peut leur être cher à tant de titres. La poésie et la science ne doivent-elles pas un même tribut à celle qui a médité leur alliance[1]?


Je signalais plus haut l’une des Pensées de Sophie Germain comme étant de vérité éphémère ; j’en indiquerai une autre, en terminant, qui est de vérité immuable. « La vraie opinion d’un siècle est dans la tête des grands hommes qu’il a produits ». L’opinion du XIXe siècle, quelle est-elle, si l’on en juge à cette vue ? C’est que, divisés par les hypothèses mystérieuses qui rapprochaient autrefois nos ancêtres, et rapprochés, au contraire, par les réalités scientifiques qui les divisaient, nous sommes à une de ces époques décisives où la nécessité d’un nouvel accord s’impose. Écoutez et lisez. Elle éclate, cette opinion, sous la plume ou sur les lèvres de tous nos penseurs éminents, et, certes, le nom de Sophie Ger-

  1. Depuis cette époque, la tombe de Sophie Germain a été restaurée.