Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/89

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d’ordre et de proportions, qui partout ailleurs guide ou le goût ou la raison, fait place à la connaissance certaine d’un ordre déterminé de proportions connues et mesurables. On dirait que, munie d’un instrument nouveau, l’intelligence humaine a renoncé à sa marche accoutumée. La ressemblance à son modèle intérieur n’est plus pour elle le caractère du vrai, qu’elle atteint de plus près ; l’objet de ses études remplit au plus haut degré les conditions qu’elle poursuit partout ailleurs ; et l’attention, fixée sur cette heureuse réalisation, y est absorbée tout entière.

Sans doute, l’impression produite par la lecture d’un ouvrage d’imagination ne ressemble pas à celle qui résulte de l’étude d’un traité de géométrie. Sans doute aussi, certains esprits admirateurs des riantes images, s’abandonnant uniquement à ce goût, deviendront tout à fait incapables d’application ; tandis que d’autres, exclusivement livrés à la contemplation de la vérité démontrée, demeureront distraits ou incertains lorsqu’ils ne rencontreront pas une évidence complète. Ne nous pressons pourtant point de conclure qu’il n’existe aucun lien commun