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Siphon de l’aqueduc de Patara. — Il existe un premier et très ancien exemple de siphon à l’aqueduc de Patara, en Lycie. Dans l’ouvrage de Texier, Description de l’Asie Mineure[1], on trouve la mention d’une muraille cyclopéenne rencontrée au voisinage de la baie de Kalamaki, à 5 ou 6 kilomètres de Patara. Cette muraille, bâtie de blocs irréguliers qui forment deux parements dont l’intervalle est rempli par des débris réunis avec du sable, supporte un canal formé de grosses pierres perforées d’un trou cylindrique et s’ajustant à emboîtement les unes aux autres[2]. Elle suit deux déclivités opposées entre lesquelles elle offre une partie horizontale ; l’angle avec la pente méridionale est de 169°, et avec la pente nord de 156°. Mais l’auteur n’indique pas la profondeur de la vallée. La conduite cylindrique au sommet de chaque déclivité se relie à un canal horizontal, recouvert de grandes pierres plates, et dont le lit est fait de mortier et de cailloux.

Texier a remarqué, sur cette même muraille du siphon et à côté, une multitude de fragments de poterie provenant de la destruction de grands tuyaux qui passaient sur la muraille. Ces débris, gisant à côté des pierres perforées avaient conduit Texier à penser que les tuyaux passaient jadis dans la cavité des pierres ; mais alors celles-ci n’auraient pas eu besoin de s’emboîter les unes dans les autres. Il semble qu’il y ait eu plutôt substitution partielle d’un système à l’autre, et que dans certains intervalles les pierres, disloquées et enlevées aient été remplacées par des tuyaux de terre cuite. Les renseignements donnés par Texier sont trop incomplets pour que l’on puisse conclure. On en déduit ceci pourtant, c’est qu’avant l’usage des tuyaux de plomb on faisait fonctionner des siphons, soit en pierre, soit en poterie.

L’usage du plomb dut prévaloir assez vite, dès qu’il fut entré

  1. Paris, Firmin-Didot, 1849 t. III, p. 192 et 193
  2. Ces pierres perforées ont quelque analogie avec les pierres rouges de Vitruve aux angles des siphons. Mais l’analogie est bien plus frappante avec une canalisation découverte par M. le Dr Carton au voisinage de Dougga en Tunisie, au bordj Ben- Baker, et formée de même d’une série de dés emboîtés les uns dans les autres à tenons et mortaises (Ouvr. cit., p. 50). M. Lanciani signale aussi d’après Pasqui (Notizie, nov. 1878) la conduite de Poli, près d’Arezzo, formée de canaux perforés dans de grosses pierres, longues de 1m,20 ; le diamètre intérieur est de 0m,35 et les parois de 0m,18 ; l’emboîtement est le même qu’à Patara. Mais ces deux exemples sont moins caractéristiques que celui de Patara, parce qu’ils ont été vus à des conduites quelconques et non à des siphons.