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nement destiné à prouver que même l’usage du plomb, pour une si forte pression, eût été impraticable. Il s’appuie précisément sur le texte de Vitruve traduit et commenté ci-dessus[1], et sur l’emploi des lames de plomb d’une épaisseur uniforme de 0m,006. M. di Tucci suppose sans doute que cette règle était absolue, destinée à tous les emplois des tuyaux de plomb, lesquels n’auraient ainsi jamais pu dépasser l’épaisseur de 0m,006. Or, les faits aussi bien que la raison contredisent une pareille interprétation du texte. Vitruve, manifestement, ne parle que des tuyaux sous faible pression destinés à remplacer une conduite maçonnée, par conséquent avec très faible pente : dans ce cas la variation du diamètre et du débit n’entraîne pas la variation de l’épaisseur. Mais il est bien évident que si la pression est considérable, l’épaisseur doit augmenter en même temps que le diamètre[2]. Vitruve ne dit rien de cette augmentation d’épaisseur quand il en vient à parler du siphon, et j’ai fait remarquer l’étrangeté de cette omission. Mais on est bien obligé d’y suppléer par la pensée, sous peine d’anéantir la vraisemblance de tout ce qui suit.

Une autre erreur commise par M. di Tucci consiste à prendre pour le diamètre du tuyau de plomb qui aurait constitué le siphon, le diamètre même du tuyau de terre cuite trouvé par le P. Secchi. Il n’est pas étonnant qu’en 0m,006 d’épaisseur, ne supporterait pas plus de deux à trois atmosphères. Sa conclusion est que le passage de la vallée se faisait, non par siphon, mais par arcades de niveau, en un point voisin où la vallée était plus resserrée.

Heureusement, une étude plus approfondie a été faite en 1882 dans la même publication par M. l’ingénieur Basset. Celui-ci, tout en pensant, ce qui est raisonnable, que le P. Secchi a pu être induit en erreur sur la nature et l’usage du tuyau de terre cuite qu’il avait découvert, conclut à l’existence d’un siphon avec conduite en plomb. Il aurait trouvé sur toute la ligne du siphon supposé de petits morceaux de plomb, sous la forme de plaquettes et de gouttelettes (sfogliatura e colaticcio), provenant sans aucun

  1. P . 184, suiv.
  2. V. ci-dessus, p. 182, le détail de cette question.