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sur cette monnaie provinciale. On sait d’ailleurs que les armées pouvaient transporter un appareil fort simple, pour la frappe des monnaies. Ces quinaires ne prouvent donc ni la présence d’Antoine à Lyon, ni l’existence, qui eût été vraiment prématurée, d’un grand atelier monétaire dans la cité nouvelle.

C’est pourtant à cause de ces médailles, et d’après d’autres considérations encore bien moins fondées[1], d’après des étymologies fantaisistes, qu’on a voulu représenter le triumvir comme le grand constructeur de la ville de Lyon. On a prétendu tout au moins, et c’est même une opinion jusqu’ici communément admise, qu’il faudrait dater du gouvernement de Marc-Antoine le premier travail d’adduction d’eau, l’aqueduc du Mont-d’Or.

Cela n’est guère admissible. Un gouverneur absent, certainement très détaché des intérêts de sa province, une armée qui, dans ces conditions, devait avoir souci plutôt de se tenir en garde contre des surprises en pays nouvellement conquis que de se consacrer aux embellissements d’une cité ; dans celle-ci une population encore clairsemée, aux besoins minimes, aux ambitions modestes, aux ressources réduites : telle était la situation pour Lugdunum, entre les années 43 et 40, c’est-à-dire sous le gouvernement nominal d’Antoine. Elle s’accorde mal avec l’idée d’une grande entreprise publique.

Premiers voyages en Gaule d’Octave[2] et d’Agrippa. Lyon capitale des Gaules. — Cet état se prolongea sans doute pendant les quelques années qui suivirent. La Gaule n’était pas encore l’apanage d’Octave quand il y fit un premier voyage[3] pour lever des troupes en vue de la guerre qui allait se terminer à Pérouse,

  1. Telle est cette prétendue dénomination de Marci municipem appliquée à Claude par Sénèque. Le manuscrit de l’Apocolokyntose porte M. municipem et l’on peut et doit lire Munatii municipem. Tels sont aussi les deux vers de Sidoine Apollinaire (Carmen XIII, Ad Ommatium) :

    Pocula non hic sunt illustria nomine pagi Quod posuit nostris ipse triumvir agris.

    Il s’agirait du bourg de Trion, aux portes de Lyon. Un certain village d’Anton devrait aussi son nom à Antoine. (V. De Colonia, ouv. cité.) Je ne rappellerais pas ces puérilités, si elles n’étaient encore citées gravement par quelques archéologues lyonnais.

  2. Plus exactement Octavien (Caïus Julius Caesar Octavianus), depuis son adoption par Jules César. Nous lui conservons néanmoins le nom d’Octave, que l’usage a consacré.
  3. Appien, guerres civiles, v, 51. — Dion Cassius XLVIII, 20.