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en tranchée couverte, et de la distance qui séparait ces puits. Vitruve ne donne sa règle que pour les tunnels, il ne parle que des tunnels : c’est absolument manifeste d’après les expressions in suo sibi canalis excidatur, et parietes in specu struantur. Nous reviendrons sur ce texte quand nous en serons aux souterrains. Pour les tranchées nous n’avons qu’à le considérer provisoirement comme non avenu.

Distance très variable des regards suivant les aqueducs. Exemples. — Reste à envisager les faits. D’abord, il y a l’usage immuable pour tous les aqueducs modernes de placer à des distances de 100 à 200 mètres des regards donnant accès dans le canal en tranchée : c’est considéré comme une nécessité pour la visite et l’entretien. Or, ce qui est nécessaire aujourd’hui devait l’être autrefois.

Quand on perce la voûte d’un aqueduc antique, il n’est pas rare qu’on puisse y pénétrer assez avant et le suivre sur un assez long espace entre des parois bien conservées, sous une voûte intacte. Après 50, 100 mètres au plus, on trouve le passage barré par un éboulement[1]. Cet éboulement peut évidemment provenir d’une chute de la voûte ; mais en raison de cette constance du fait, de la distance qu’on ne peut pas dépasser, de l’aspect même des éboulis, l’hypothèse d’un puits comblé paraît dans beaucoup de cas la meilleure.

La trace extérieure de ces regards de tranchées a disparu, ou est fort difficile à retrouver à la plupart des aqueducs de Rome et aux aqueducs de Lyon. S’ils ont existé régulièrement, ils se sont bornés à de simples ouvertures. À d’autres, au contraire, ils étaient surmontés de constructions apparentes qui ont subsisté en partie et les ont jusqu’à un certain point garantis. C’est ainsi que les regards de l’aqueduc Trajana à Rome, restauré par Paul V et devenu l’Acqua Paola, sont encore utilisés aujourd’hui. On les avait trouvés bouchés, de la manière indiquée ci-dessus, par de la terre[2]. Mais quelques-uns étaient restés intacts, grâce à la conser-

  1. J’en ai fait l’expérience, soit aux aqueducs de Rome, soit à ceux de Lyon. Il serait intéressant d’essayer de retrouver l’aqueduc à quelques mètres plus loin que l’éboulement : on verrait si celui-ci provient d’une destruction ou n’est qu’une simple obstruction.
  2. « Tulle chinse da terrapieno » (Fabrelli, i, 16.)