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Dans cet intervalle de cinq ans, pour pouvoir passer ainsi au rang de capitale officielle de l’immense province, Lyon avait dû s’accroître considérablement. On a donc tout lieu de croire que l’empereur, qui fondait un peu partout des colonies militaires et renforçait par des envois de vétérans celles qui existaient déjà, usa de ce moyen pour agrandir Lugdunum[1], y opérant ainsi comme une seconde colonisation[2]. Le nom d’Augusta, qui s’ajouta à celui de Copia, fut peut-être, dès cette époque, donné à la colonie pour consacrer le souvenir d’une mesure qui lui communiquait une vie nouvelle et créait sa grandeur.

Enceinte et aspect de Lugdunum. — Quel aspect pouvait présenter la ville, au moment où l’on y installait, en vertu du rôle auquel elle était appelée, la direction administrative et financière de toute la province ? Du plateau de Fourvière[3], Lyon descendait en s’étageant jusqu’aux bords de la Saône. D’après l’emplacement des tombeaux, qui ne pouvaient s’élever qu’en dehors de l’enceinte, M. Allmer a déterminé celle-ci avec une exactitude à peu près rigoureuse[4]. La carte sommaire[5], figurée page 8bis, indiquant les emplacements des principaux monuments romains dont on a retrouvé la trace, représente cette enceinte en gros traits pointillés. Elle parlait de la Saône à l’endroit dit La Quarantaine, au bout du pont actuel d’Ainay, et montait en suivant à peu près la ligne de plus grande pente de la colline ; elle est marquée ensuite par les fortifications modernes jusqu’au cimetière de Loyasse qu’elle côtoie en inclinant franchement au nord ; puis elle s’infléchit vers l’est pour descendre en reprenant la ligne de plus grande pente jusqu’à la Saône, qu’elle atteint à l’extrémité du rocher de Pierre-Scize.

  1. Soit à cause des premiers colons viennois, qui pouvaient être d’anciens légionnaires, soit à cause de ce nouvel essaimage de vétérans, les Lyonnais, un siècle plus tard, revendiquaient l’honneur d’être une colonie militaire : coloniam romanam et partem exercitus. (Tacite, Hist., I, 65).
  2. Il n’y a d’ailleurs pas à tenir compte de l’hypothèse émise par de Boissieu (ouv. cité, p. 130), qui serait d’avis d’attribuer à Plancus cette seconde installation de colons. Cette idée ne repose sur aucune espèce de fondement.
  3. On connaît l’étymologie caractéristique de ce nom : Forum vetus, d’où les formes successives : Forviel, Forvièdre, Fourvière.
  4. Allmer et Dissard, Inscriptions du Musée de Lyon, t. II.
  5. Ce plan de Lyon est fait d’après celui qui figure dans l’ouvrage de M. Hippolyte Bazin (Vienne et Lyon Gallo-romains, Paris, 1891), mais avec des simplifications et plusieurs additions, particulièrement en ce qui concerne les aqueducs.