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L’eau du domaine public à Rome. — Le réseau primaire — nous pouvons appeler ainsi la canalisation qui partait du château d’eau public, — comportait des tuyaux de plomb de diamètres souvent considérables, qui suivaient sous terre le relief du sol d’après les mêmes lois hydrauliques et avec les mêmes précautions, toutes proportions gardées, qu’aux siphons sur le parcours des aqueducs. Outre les châteaux d’eau particuliers, auxquels aboutissait le troisième groupe de tuyaux, et le domaine de l’empereur que desservait le premier, une immense quantité, de fontaines et de bassins étaient alimentés par le second. Le texte de Frontin précité distingue dans le domaine public les camps (19), les opera publica (95), les munera (39), et les lacus (591). Pour les camps, nous n’avons qu’à enregistrer leur nombre, qui nous étonnera moins si nous réfléchissons au nombre de corps militaires, et de corps de fonctionnaires astreints au régime, militaire, qui s’étaient créés depuis le début de l’empire[1], et qui devaient s’accroître bien davantage encore à partir de Septime-Sévère. Opera publica est une expression assez vague. Il y a tout lieu de croire qu’il s’agit là de tout ce qui satisfaisait aux besoins comme à l’agrément du peuple, et qui était établi et entretenu aux frais du trésor public : ces bains par exemple, dont parle Vitruve, et dont le revenu était distribué à la plèbe ; les réservoirs qui les alimentaient[2] ; d’autres réservoirs publics où l’on puisait l’eau pour l’entretien de la voirie urbaine, pour les incendies, etc. Quant au mot munera, il me semble qu’il faut l’entendre dans le sens de dons de munificence offerts au peuple, non par l’empereur, car cela ferait partie des eaux. nomine Caesaris, mais par des magistrats ou des particuliers :

  1. Outre les camps des gardes prétorienne et urbaine, les plus connus, on cite : Castra priora, Castra peregrina, Castra equitum singularium, Castra Misenatium, Castra Ravennatium, Castra silicariorum, Castra labellariorum, Castra victimariorum. On voit, d’après ces dénominations, que plusieurs de ces camps étaient occupés, non pas par des garnisons militaires, mais par des confréries diverses.
  2. On conçoit que les bains, dont l’eau avait besoin souvent d’être renouvelée tout d’un coup, eussent des réservoirs pour s’alimenter. On comptait, au temps de Frontin, à Rome, plusieurs centaines de ces établissements, dont un grand nombre appartenant au domaine public ; il n’y aurait rien d’étonnant à ce qu’il y eût des réservoirs communs à plusieurs d’entre eux.