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défense en Bretagne[1], en Égypte des tombeaux, des ponts ; des temples, des portiques, des basiliques[2]  ; en Italie, on les voit travailler aux grandes routes ; presque partout la mention de leurs travaux est accompagnée de cette curieuse observation : que les monuments furent entrepris pour occuper leurs loisirs[3]. »

C’est au séjour prolongé des légions dans les Gaules que cette province dut le magnifique réseau de grandes routes étendu jusqu’aux extrémités de son territoire, les fortifications de ses villes, les châteaux forts gardant les passages, les ponts comme ceux de Mayence, de Trêves et de Cologne aux frontières, d’Arles, de Saintes, et tant d’autres, à l’intérieur du pays. Que dire de ces gigantesques murailles de défense que les généraux ou les empereurs leur firent dresser le long des secteurs dangereux des provinces extrêmes ? César avait une première fois contenu les Helvètes par un mur de dix-neuf milles de long et de seize pieds de haut qui allait du lac Léman au Jura[4]. Drusus use du même procédé contre les Germains, Trajan contre les Daces, et Hadrien contre les Pietés, en Bretagne[5]. Ce murus Picticus s’étendit sur quatre-vingts milles de longueur, de l’embouchure de la Tyne au golfe de Solway, et ne fut achevé que par Septime-Sévère. Monuments de robuste patience, et d’utilité stratégique pourtant éphémère : un jour vint où ces travaux n’arrêtèrent plus les barbares. Tant il est vrai que tours et remparts n’ont de force que lorsque subsiste derrière eux l’union des courages dans le respect d’une autorité ferme et sûre d’elle-même !

Personnel militaire fourni aux villes pour les travaux publics. — Quelle que fût l’activité laborieuse des légions, on s’exposerait à de graves erreurs, en leur attribuant sans discerne-

  1. Orelli, 3566.
  2. Fl. Vopiscus, ix. — Cf. (Cagnat, L’armée romaine, p. 432), la longue liste des ouvrages de cette sorte entrepris par les légionnaires pour le camp et la ville de Lambèse. C’est à la légion iiie Augusta, que Timgad doit son existence.
  3. Frontin (Stratagèmes, liv. IV, i, 15) raconte que Scipion Nasica, n’ayant pas besoin de vaisseaux, occupa cependant ses soldats à en construire pendant un quartier d’hiver, craignant que l’inaction n’engendrât la licence, et ne les portât à quelque injure à l’égard des alliés. — De même, nous voyons Corbulon, sous le règne de Claude, arrêté par ordre de l’empereur dans ses conquêtes, faire creuser aux troupes un canal de 23 milles entre la Meuse et le Rhin, et Curtius Rufus, son successeur, leur faire ouvrir une mine d’argent, d’ailleurs sans profit matériel et à leur grand mécontentement.
  4. César, De bello gallico, i, 8.
  5. Cf. Dürr, Die Reisen des Kaisers Hadrian, p. 36.