Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/132

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attrapa un coup de fusil au travers de la tête, derrière les yeux, et par une particularité sans exemple, ne les perdit pas. Ce général a reçu hier un second coup semblable à celui-là, dans la tête, au-dessous des yeux, et mourra, je crois, aujourd’hui ou demain. Je venois de regarder le commencement de la sortie par une embrasure, et à peine en voulut-il faire autant qu’il fut renversé.

Les chasseurs voulurent venger la blessure de leur général, et, sans attendre les ordres du prince d’Anhalt, qui venait d’arriver, ils coururent pêle-mêle pour chasser ces quarante hommes, qui furent bientôt renforcés par plus de trois cents soldats de Hazan Pacha. Le prince d’Anhalt fut obligé, pour sauver le premier bataillon, de s’avancer avec le second ; il reçut une contusion d’une balle qui blessa en même tems à l’épaule le comte de Damas, volontaire françois. Le prince d’Anhalt perdit presque tous les officiers, défendit sa batterie que les Turcs attaquoient déjà, et après un feu bien opiniâtre les repoussa.

A peine rentroient-ils dans le retranchement que plus de deux mille Turcs sortirent, drapeaux déployés. Le prince d’Anhalt, qui avoit rallié ses chasseurs avec bien de la peine, attaqua ces Turcs. Il y en avoit des centaines qui,